MOLCER 6, Loïc Lebars

En 1930, le mouvement syndical est divisé entre la CGT et la CGTU. Il existe également des syndicats autonomes. Le 9 novembre 1930, 22 syndicalistes, dont deux institutrices, réunis à Paris élaborent et adoptent une déclaration, que les travailleurs de toutes tendances sont invités à contresigner, en faveur de « la reconstruction de l’unité syndicale dans une centrale unique basée sur la Charte d’Amiens. » 

 Le 9 novembre 1930, 22 syndicalistes, dont deux institutrices, réunis à Paris élaborent et adoptent une déclaration, que les travailleurs de toutes tendances sont invités à contresigner, en faveur de « la reconstruction de l’unité syndicale dans une centrale unique basée sur la Charte d’Amiens  » : pratique de la lutte de classes et « indépendance du mouvement syndical en dehors de toutes ingérences des partis politiques, des fractions et des sectes, ainsi que des gouvernements ». Neuf sont membres de la CGTU et six adhèrent à la CGT. Les sept autres appartiennent à des syndicats autonomes. Ils ont entre eux de nombreuses divergences et se sont parfois violemment affrontés dans l’immédiat après-guerre. Mais tous veulent mettre fin à « l’état de dispersion et d’émiettement des organisations de la classe ouvrière qui permet au capitalisme, au militarisme et au fascisme toutes les audaces, tous les coups d’Etat, toutes les atteintes à la vie du prolétariat ». Ils veulent donc faire naître dans le mouvement ouvrier un courant d’opinion en faveur de l’unité capable d’obliger les directions de la CGT et de la CGTU, qui plus que jamais se complaisent dans la division, à mettre cette question à l’ordre du jour des congrès confédéraux de septembre 1931. Ils espèrent que la composition tripartite de ce qui va devenir le « Comité des 22 » et la diversité de leurs engagements syndicaux et politiques leur permettront d’atteindre leur objectif. en 1923 de la direction confédérale, avait alors cessé d’y intervenir. Il n’a renoué avec le militantisme syndical et les idéaux du syndicalisme révolutionnaires de sa jeunesse qu’après l’échec de sa tentative de créer un parti travailliste « à l’anglaise ». Mais il est devenu « la bête noire à la fois des syndicalistes communistes  », des « orthodoxes » aussi bien que des oppositionnels, et « des bonzes réformistes ». De leur côté, Monatte et les autres signataires confédérés qui, à l’exception de Léon Digat, dirigeant réformiste de la Fédération postale et membre de la SFIO, se réclament eux aussi du syndicalisme révolutionnaire, n’oublient ni son ralliement à Jouhaux en 1918 ni sa part de responsabilité dans la scission de 1922 et restent pour le moins méfiants à son égard. 
La présence parmi les 22 de personnalités aussi différentes que Piquemal et Dumoulin donne un certain retentissement à leur démarche. Comme il fallait s’y attendre, Gaston Monmousseau, secrétaire général de la CGTU, dénonce avec véhémence la perspective d’une unité avec « des renégats (…) dans l’union sacrée aux pieds du capital » qui ne serait être qu’une « unité de trahison  ». La Commission administrative de la CGT condamne elle aussi « les nouvelles tentatives faites sous le prétexte de l’unité qui ne peuvent que faire renaître les organismes de confusion et de superfétation dont l’action dissolvante dans le passé a abouti à la scission  ». Le Populaire publie la déclaration en rappelant que, pour la SFIO, « l’unité syndicale ne peut être recherchée et réalisée qu’à l’intérieur de la CGT  ». En revanche son aile gauche, la Bataille socialiste à laquelle appartient Dumoulin, se félicite de l’initiative des 22. Son principal animateur, Jean Zyromsky, signe leur déclaration et participera activement à leurs assemblées. La Ligue communiste, qui depuis avril 1930 rassemble les partisans de l’Opposition de gauche communiste, rejette, elle aussi, « la réalisation formelle de l’unité aves les réformistes, sans programme, pour la simple vertu de l’unité “ en soi ” » et qui ne peut avoir actuellement, compte tenu de l’affaiblissement de la CGTU, « d’autre sens qu’une capitulation des révolutionnaires devant les réformistes, qu’un passage au camp des désagrégateurs des forces révolutionnaires du prolétariat  ».

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