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MOLCER 10- Propos recueillis par Roger Revuz
MOLCER : C’est Emile Pouget, militant anarchiste français qui à la fin du XIXe siècle théorise le sabotage comme tactique de lutte contre le patronat. Pourquoi en vient-il à proposer cette tactique et qu’entend-il par « sabotage » ?
Dominique Pinsolle-Pouget fait partie de ces militants anarchistes qui cherchent une voie permettant d’éviter trois écueils : la violence terroriste (qui n’a fait qu’attiser la répression), les « grèves partielles » (jugées inefficaces) et la représentation parlementaire (rejetée par principe par les anarchistes). Le syndicalisme révolutionnaire, incarné par la jeune Confédération Générale du Travail (créée en 1895 à Limoges), apparaît à nombre d’anarchistes comme la voie à suivre, en mobilisant les travailleurs dans un affrontement direct avec le patronat, avec deux objectifs : l’un, réformiste, à court terme (améliorer les conditions de vie et de travail des prolétaires), l’autre, révolutionnaire, à long terme (abattre le capitalisme et l’État par la grève générale expropriatrice). C’est dans le cadre de cette doctrine que Pouget imagine un nouveau moyen d’action, susceptible de compléter voire de remplacer la grève, qu’il nomme « sabotage », en récupérant un terme argotique désignant un travail bâclé. En s’inspirant des méthodes des dockers de Glasgow, il incite les ouvriers à lutter en dégradant leur travail, leurs outils de production ou leur production. Sous la plume de Pouget, saboter revient à s’écarter de la norme patronale du travail bien fait. Cela permet de lutter sans perdre son salaire, et sans s’exposer à la répression, puisque le sabotage peut être pratiqué clandestinement.
MOLCER: Tous les partisans du « sabotage » en avaient-ils la même conception?
D. P.- Tous les partisans du sabotage s’accordent sur la nécessité de ne jamais porter atteinte à la vie humaine, ni à l’intégrité physique des personnes. Mais au-delà de ce principe, chacun développe sa propre conception du sabotage, dont il n’existe aucune définition précise, car il s’agit davantage d’une matrice générant une infinité de pratiques que d’une méthode clairement délimitée. Cette pluralité des conceptions du sabotage crée parfois des tensions et des incompréhensions. En 1905, par exemple, le boulanger Amédée Bousquet fait scandale en suggérant de mettre du pétrole dans les fours et de rendre le pain invendable pour attaquer les patrons au portefeuille. Aussitôt, la rumeur (infondée) se répand que des syndicalistes ont introduit du verre pilé dans de la pâte à pain, ce qui nourrit une longue polémique alimentée par la presse.
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MOLCER 10 Sommaire - Revue MOLCER
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