La Commune de Paris (1871) : quelques repères

MOLCER n°2

Que fut la Commune de Paris (1871) ? Pour le lycéen ou l’étudiant de 2021, difficile de s’en faire une idée, même vague, tant cet évènement est dévoyé, voire ignoré des manuels scolaires. Quand il n’est pas dénoncé avec la même haine qu’il y a 150 ans, à l’instar de ce qu’écrivait le médiatique Yann Moix dans une lettre à Emmanuel Macron (2017) : « sous la Commune, l’immense majorité des Parisiens était prise en otage par la folie rouge. »
La Commune de Paris n’a pas surgi de nulle part. Vingt-trois ans avant elle – alors qu’une vague révolutionnaire parcourt l’Europe – les révolutions de février et juin 1848 à Paris ont définitivement acté la séparation politique entre la classe ouvrière et la bourgeoisie. La classe ouvrière avait aidé la bourgeoisie à abattre la monarchie en février, mais en juin la bourgeoisie retourna ses canons contre les ouvriers qui revendiquaient la « République sociale ».
La défaite ouvrière en juin 1848 hâte l’instauration de la dictature de Louis-Napoléon Bonaparte. Le prolétariat se remet peu à peu de sa défaite et reconstitue ses forces. Cherchant à rallier à lui la classe ouvrière, le régime bonapartiste accorde le droit de grève, mais produit l’effet inverse. Les organisations de classe se développent et des grèves éclatent.
Le 28 septembre 1864 à Londres est fondée l’Association internationale des travailleurs (AIT), dont l’existence aura un rôle déterminant dans le renforcement de la conscience de classe révolutionnaire du prolétariat, en France comme ailleurs. En 1868, le gouvernement impérial interdit sa section française, puis traine ses militants en procès, accusés de « complot ».
Mais l’agitation républicaine monte en puissance. L’année 1870 voit le régime s’effondrer : sa guerre contre la Prusse, déclarée le 18 juillet pour souder le pays autour de lui, va à l’inverse en précipiter la chute. Le 4 septembre, la défaite française à Sedan sonne le glas du Second Empire.
Septembre 1870 : quelle République ?
A l’annonce de la défaite, les masses envahissent le Palais-Bourbon : la République est proclamée, et un gouvernement provisoire constitué sous la...

Pour lire la suite, achetez le numéro et abonnez-vous...