MOLCER n°2, Charles Dupuy

Il y a 100 ans se déroulait la dernière phase de la Guerre Civile et des interventions étrangères anticommunistes sur le territoire de l’ancien Empire russe. La paix de Riga en mars 1921, comportant l’amputation territoriale des Républiques Socialistes Soviétiques (RSS) de Biélorussie et d’Ukraine au profit de la « nouvelle Pologne », mettait fin à la guerre soviéto-polonaise, après la lourde défaite de l’Armée Rouge en août sous les murs de Varsovie.

Les aspects militaires de cette guerre sont connus. Un dossier paru en août 2020 dans la revue Guerres et Histoire1 les retrace, par exemple, clairement. Mais les aspects proprement politiques restent très controversés. A propos du cours impulsé par Lénine, il est particulièrement intéressant de comprendre pourquoi Léon Trotsky a pu notamment écrire « Oui, Lénine était génial, de toute la génialité humaine […] cependant, quand il commettait des erreurs, elles étaient très grosses : elles étaient à l’échelle du plan colossal de tout son travail »2.
 Dans l’éditorial du dossier de Guerres et Histoire, Jean Lopez s’interroge : « Jusqu’où comptait aller l’Armée rouge, quant à elle, une fois la Pologne jetée à terre ? [...] L’idée de Moscou était-elle de donner la main aux soulèvements ouvriers qui se produisaient dans l’Allemagne vaincue et désarmée ? L’objectif était-il d’amarrer la révolution russe aux 25 millions d’ouvriers allemands dont la conscience de classe avait été aiguisée par un demi-siècle de social-démocratie (cette appréciation aurait certainement éberlué les communistes d’alors) ? Ou bien s’agissait-il déjà de faire en 1920 ce que fera Staline en août et septembre 1939 : partager avec le Reich la Pologne « enfant illégitime du traité de Versailles » ? [...] Il y a de bonnes probabilités pour ce dernier scénario, si l’on fait fond sur le pragmatisme de Lénine ».  Pourquoi ne pas demander à Lénine lui-même ce qu’il avait en vue ?
A cet égard, un document fondamental3 a été publié après la chute de l’URSS, mais reste très mal connu : le rapport et la conclusion « à chaud » de Lénine lors la IXème conférence (sorte d’inter-congrès) du Parti Communiste Russe, le 22 septembre 1920, en pleine retraite de l’Armée rouge… Il a été tenu sous le boisseau en URSS pendant 70 ans, car il ne correspondait pas à l’image que la bureaucratie du PCUS voulait donner de Lénine, du fonctionnement démocratique du parti bolchévique, non plus que des positions respectives de dirigeants comme Trotsky, Boukharine, Staline...

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