Les premiers pas des partis communistes allemand et autrichien

MOLCER n°3, Jean-Numa Ducange

Parmi les nombreux partis communistes fondés dans le sillage de la révolution russe, une organisation occupe une place à part : le Parti communiste d’Allemagne, fondé les 31 décembre 1918 et 1er janvier 1919.

En effet l’Allemagne était le pays où, avant 1914, existait le plus important parti ouvrier d’Europe, le SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne, qui prend ce nom en 1890 après une première unification en 1875). Ce parti était bien implanté dans la classe ouvrière industrielle. En 1912, il était même devenu, avec un tiers des voix, le premier parti au Reichstag (le Parlement allemand). Toutes les autres forces étant liguées contre lui, il ne pouvait gouverner. Mais avec son nombre considérable de militants et ses impressionnants résultats électoraux, le Parti social-démocrate d’Allemagne impressionnait tous les courants se réclamant du mouvement ouvrier dans le monde. Le programme d’Erfurt de 1891 adopté par le Parti – une série de revendications immédiates découlant d’une analyse marxiste de la société – servait alors de feuille de route à de nombreux courants, de Paris à Moscou. Karl Kautsky (1854-1938), le théoricien du Parti, en était le principal auteur. Un historien canadien, Lars Lih, a parlé à ce propos d’« erfurtianisme », évoquant l’influence de ce SPD d’Erfurt au-delà des frontières allemandes. Les sociaux-démocrates russes, et notamment les bolcheviks, admiraient l’œuvre du SPD. Dans Ma vie Trotsky évoque ce moment historique :

« Pour nous autres Russes la social-démocratie allemande fut la mère, l’éducatrice, le vivant modèle. Nous l’idéalisions à distance. Les noms de Bebel et de Kautsky étaient prononcés avec vénération. Quels que fussent, théoriquement, les pressentiments inquiets, dont j’ai fait mention ci-dessus, que j’éprouvais à l’égard de la social-démocratie allemande, j’étais encore, en cette période, indiscutablement, sous son empire »...

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