MOLCER n°2, Loïc Le Bars

Le 7 août 1919 s’ouvre à Tours le 15e congrès de la FNSI. C’est le premier congrès depuis 1913 qui peut se tenir dans des conditions normales. Ceux de 1915 et 1916 avaient tout juste été tolérés et étroitement surveillés. En 1917 et en 1918, les congressistes, bravant les interdictions officielles, avaient eu beaucoup de mal à se réunir et à mener à bien leurs travaux.

Il est vrai que la Fédération s’était résolument rangée dès août 1915 dans la minorité pacifiste de la CGT. Elle fut même, rappellera Pierre Monatte, la seule Fédération à être « restée fidèle durant la guerre à l’internationalisme ouvrier1 » en refusant de suivre Alphonse Merrheim et Georges Dumoulin quand ils se rallièrent progressivement à la majorité confédérale à partir de décembre 1917. Cette attitude intransigeante avait valu à nombre de ses militant-e-s poursuites judiciaires, emprisonnements, déplacements d’office et autres sanctions administratives. Sept, dont cinq institutrices, avaient été révoquées. La Fédération avait contribué à assurer la continuité entre ce qui restait de la minorité pacifiste du temps de guerre et celle qui émerge en 1918 en affirmant sa solidarité avec la Russie soviétique puis, après juin 1919, avec la 3e Internationale.
Le congrès de Tours va donc débattre de « l’attitude de la Fédération devant les évènements2 » ; mais son principal enjeu est de savoir quelle orientation doit suivre le mouvement ouvrier après la guerre et les bouleversements qu’elle a provoqués. L’alternative est simple : prolonger ce que les historiens ont appelé le « réformisme de guerre » défendu par Léon Jouhaux et ses amis ou adhérer à la 3e Internationale.
Mais une autre discussion, plus spécifique et en même temps étroitement liée à ce débat d’orientation, se mène depuis des mois au sein de la Fédération, celle de son éventuelle fusion avec les...

Pour lire la suite, achetez le numéro et abonnez-vous...

Tag(s) : #Articles, #MOLCER 2
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :