MOLCER 5, Jean-Pierre Molénat

On prendra dans ce travail le terme de « nationalisme » dans son sens le plus large possible, celui du sentiment d’appartenance à une « nation », mais n’impliquant pas nécessairement celui d’une supériorité, ou le dénigrement, d’autres « nations ».

Le nationalisme espagnol au XIXe siècle.
La dénommée « Guerre de l’Indépendance », en réalité la résistance aux bouleversements provoqués par l’invasion napoléonienne (1808-1812), provoque la naissance d’une forme nouvelle de nationalisme, compris comme le sentiment d’une nation étendue à la surface de presque la totalité de la péninsule ibérique, à quelques réserves près. La première est que la Constitution élaborée aux Cortès de Cadix, qui servira longtemps de paradigme du libéralisme péninsulaire, englobe encore dans la nation espagnole les citoyens des possessions ultra-marines, dans une conception qui se rattache plutôt à celle de l’appartenance à une monarchie commune. Mais le mouvement des indépendances latino-américaines, lui aussi contrecoup de l’invasion napoléonienne, viendra bientôt réduire à néant cette conception de la nation espagnole. L’autre réserve est que, durant une partie du XIXe siècle, un mouvement désigné comme l’ibérisme, voudra réunir dans un seul État-nation, l’ensemble de la péninsule, à l’exemple de ce qui a pu être réalisé dans la péninsule italienne et ses îles. Mais la résistance des Portugais, jaloux d’une indépendance historiquement conquise par deux révolutions, en 1383 et 1640, fera avorter ce projet.
Une anthologie des écrits de Pablo Iglesias, le fondateur du Parti socialiste, d’obédience marxiste, en Espagne, le PSOE, jusqu’à son décès en 1925, ne contient, d’une manière a priori assez surprenante, mais révélatrice, aucun article traitant du nationalisme (espagnol), ou des nationalismes (régionaux), ce qui constitue, à tout le moins, un manque d’intérêt pour une question qui apparaît aujourd’hui, à la lumière des développements ultérieurs, et même de ceux contemporains des dernières années de l’«aïeul», comme cruciale.
Jusque dans les années 1880, y compris les républicains fédéralistes qui, sous le régime conservateur et centralisateur de la Restauration monarchique, concoctent des projets de constitutions régionales, croient à l’unité de la nation espagnole, le projet catalan se référant à l’Espagne comme « une grande nation », constituée d’un « ensemble de nationalités »...
 

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