L’équipe de rédaction de la revue Mouvement ouvrier, luttes de classes et révolutions tient à rendre hommhttps://molcer.fr/age à Bernard qui a été l’un de ses fondateurs et l’un de ses piliers. Lorsqu’en 2019, les Cahiers du Mouvement Ouvrier, revue spécialisée dans l’histoire du mouvement ouvrier, ont cessé de paraître, Bernard était de ceux qui estimaient qu’un site, si bon soit-il, ne peut remplacer une revue, qu’il fallait donc, sur ce créneau, maintenir une publication imprimée.
Nous étions une poignée, certains historiens, d’autres pas – Bernard était mathématicien - mais nous étions soudés par la conviction que ceux qui oublient leur passé n’ont pas d’avenir, que la classe ouvrière et plus largement le peuple, ont besoin de connaître leur histoire, qu’il fallait opposer à l’histoire instrumentalisée, déstructurée et mensongère que véhiculent, depuis une trentaine d’années, les manuels et les médias, une histoire honnête, qui s’en tienne aux faits, qui n’occulte rien et qui soit débarrassée des falsifications, quelle qu’en soit l’origine.
C’est forts de cette conviction que nous avons fondé cette nouvelle revue dont le titre annonce clairement les thèmes de prédilection mais dont la mention « revue d’histoire » rappelle utilement le caractère strictement scientifique. Le pari n’était pas sans risque. Nous avions peu d’appuis et surtout pas d’argent. Nous savions que nous ne toucherions jamais la moindre subvention, que les abonnements, les ventes et le soutien de nos lecteurs seraient notre seule source de financement, que nous serions condamnés à naviguer à l’euro près. Est-il besoin d’insister sur le rôle capital du trésorier, fonction que Bernard a accepté sans la moindre hésitation et dont il s’est acquitté avec la plus extrême rigueur.
Dans certains moments d’incertitude, son rôle a été décisif. Lorsque l’inflation et l’explosion des coûts nous ont frappés de plein fouet, nous avons été amenés à nous interroger sur nos tarifs, sur le tirage et la pagination. Alors même qu’il était déjà gravement malade, Bernard a su nous insuffler son optimisme. Nous n’avons rien changé et nous avons misé sur un effort militant, sur une campagne énergique pour trouver de nouveaux abonnements et élargir l’audience de notre revue. À ce jour, le pari est gagné et c’est en grande partie à Bernard que nous le devons.
Outre qu’il participait régulièrement aux travaux du comité de rédaction, Bernard a également assumé la tâche, invisible au lecteur et parfois ingrate mais extrêmement importante, qui consiste à corriger les articles et les premières épreuves, à traquer les coquilles et les erreurs typographiques.
J’ajouterai enfin que c’était un camarade extrêmement chaleureux qui nous manquera, ne serait-ce qu’en raison de la qualité des contacts que, tous, nous avions avec lui.
Clemenceau aurait dit que « les cimetières sont remplis de gens indispensables ». Sans doute avait-il raison mais certains vides sont plus difficiles à combler. Celui que laisse Bernard est de ceux-là. Avec sa disparition, nous perdons un collaborateur précieux et un ami.