MOLCER 9. Isabelle Antonutti
Née en 1826 à Brest (Finistère) ; relieuse ; militante féministe et révolutionnaire ; Communarde.
Nathalie Le Mel est née à Brest. Son père était ouvrier corroyeur, la profession de sa mère n’apparaît pas sur son acte de naissance mais elle tint un débit de boisson qui sera, pour Nathalie enfant, un lieu d’apprentissage des malheurs des pauvres. Ses parents, contrairement aux habitudes de l’époque vis-à-vis des filles, lui donnèrent une bonne instruction. A dix-neuf ans, elle se maria avec Adolphe Le Mel, ouvrier relieur. Ils quittèrent Brest pour ouvrir une librairie à Quimper. Trois enfants naquirent de leur union et le couple changea plusieurs fois de librairie. Nathalie, signalée comme une grande lectrice de journaux socialistes, choquait la bourgeoisie locale.
Militante de l’Association internationale des travailleurs
Le couple Le Mel décida de s’installer à Paris avec leurs enfants de douze, sept et deux ans. Nathalie trouva un travail dans des ateliers proche de la gare Montparnasse, quartier où se trouvaient les Bretons. Elle se fit remarquer par son engagement politique. Elle fréquentait les clubs qui fleurissaient dans la capitale. Ses compagnons de travail l’élurent au comité de grève et, avec Eugène Varlin, responsable du syndicat des relieurs, elle obtint, en 1865, l’égalité des salaires hommes-femmes dans cette profession. Cette même année, l’Association internationale des travailleurs fut créée en France, Nathalie y adhéra aussitôt. Varlin mit en place un restaurant associatif, La marmite, « afin d’assurer à tous la nourriture ». Il en confia la gestion à Nathalie Le Mel. Très vite, d’autres succursales s’ouvrirent et c’étaient aussi de véritables clubs révolutionnaires.
Combattante de la Commune
Son mari l’empêchait de militer. Elle lui reprocha de s’être mis à la boisson et le quitta. Elle partit avec ses enfants et s’installa dans un premier temps à La Marmite, rue Larrey. Dès le début de la Commune de Paris, le 18 mars 1871, les femmes, étaient nombreuses à participer. Le 11 avril, deux femmes, Nathalie Le Mel et Elisabeth Dmitrieff, prirent la tête d’une association, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. Nathalie y assura le poste de secrétaire et déploya une grande énergie. Fin avril, Nathalie Le Mel fut nommée à la commission d’enquête et d’organisation du travail, dirigée par Léo Frankel. Durant toute la Commune, elle dirigea remarquablement l’Union des femmes, menant une action féministe et révolutionnaire. Le 12 mai, au Club de la délivrance, elle déclara selon un témoin : « Il faut savoir mourir pour la patrie. Toutes au combat ; Il faut écraser Versailles ! » Lors de la Semaine sanglante elle entraîna les femmes sur les barricades. Place Blanche, à la tête d’un bataillon d’une cinquantaine de femmes, elle tint en échec pendant quelques heures les troupes versaillaises. Le repli s’imposa ; Nathalie tenta de se suicider. Elle fut arrêtée le 21 juin 1871.
Condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie, elle embarqua avec vingt femmes dont Louise Michel. Elle refusa une affectation différente de ses compagnons hommes. Malade, pratiquement grabataire, elle rentra de déportation en 1879, lors de l’amnistie partielle. A Paris, elle reprit contact avec le combat des relieurs. Rochefort, compagnon de déportation, lui procura un travail. Elle resta fidèle à son idéal internationaliste. Sans ressource aucune, elle mourut dans la misère le 21 mai 1921, à l’hospice d’Ivry.
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