Il y a 75 ans, la prise du pouvoir par Mao, une libération ?

MOLCER 10- Rémy Janneau- Le 1^er octobre 1949 du haut de la Porte de la Paix  Céleste, Mao Zedong proclamait la République Populaire de Chine. L'Armée populaire de Libération triomphait des troupes nationalistes. L'ex-Empire du Milieu sortait enfin d'un siècle et demi d'humiliations et de domination impérialiste.

Nationalistes et communistes
À l’aube des années 30, 20 années de révolutions et de contre-révolutions laissent face à face deux forces politiques : le Guomindang  (GMD), parti nationaliste, et le Parti communiste (PCC). Sur instruction du Komintern (IC), celui-ci a opté pour une politique de « front uni » qui l’a en réalité soumis au GMD et conduit, en 1927, à une sanglante défaite. Cet écrasement du prolétariat urbain convainc Mao Zedong de se retrancher, à la tête d’une « Armée rouge » dans les régions montagneuses du Hunan et du Jiangxi. 
Si l’on s’en tient aux chiffres et à l’armement, la balance penche – et de très loin – en faveur de Chiang. Mais les forces et les faiblesses des deux camps ne tarderont pas à apparaître. Tandis que les nationalistes agissent en pays conquis, l’armée communiste se fond, autant que faire se peut, dans la population. Le soldat rouge ne « prend rien aux masses, serait-ce du fil et une aiguille ». L’armée de Mao déracine les vieilles coutumes, proscrit l’opium, établit l’égalité des sexes, ouvre des écoles et surtout procède, avec des moments d’audace et des phases de repli, à ce que l’histoire a retenu comme une « réforme agraire » très officiellement adoptée par un « congrès des soviets ». Il s’agit en fait d’une série de mesures allant de la mise en place de coopératives à un partage supposé égalitaire distribuant aux paysans pauvres les terres confisquées aux grands propriétaires et aux ennemis de la révolution mais ceci tout en ménageant les paysans « moyens », les riches pouvant être également lotis moyennant qu’ils travaillent eux-mêmes leur lopin….  
    Si limitées soient-elles et même si le déroulement des faits n’a pas été aussi idyllique que l’a longtemps voulu la geste maoïste, ces mesures permettent aux communistes de se lier aux masses et de multiplier, dans une dizaine de provinces, des « bases rouges » à partir desquelles ils harcellent les troupes nationalistes. La mise en place de « soviets » coiffés par un « gouvernement » de « commissaires du peuple » aboutit, en 1931, à la proclamation d’une « République soviétique ». Il faudra aux nationalistes pas moins de cinq campagnes mobilisant des moyens considérables, pour déloger les communistes de leurs bastions. En octobre 1934, « l’Armée rouge » sera contrainte, pour échapper à l’anéantissement, d’amorcer une « longue marche » de 12 000 kilomètres qui conduira les survivants dans le Shaanxi où ils établiront de nouvelles bases et se doteront d’une capitale : Yan’an.
    Appareil politico-militaire puisant l’essentiel de ses forces dans la paysannerie, le PCC n’en reste pas moins un parti stalinien  dont la ligne épouse, avec des adaptations locales, les virages du Komintern et dont les pratiques anticipent les procès de Moscou. « L’élimination des conceptions erronées dans le Parti » se solde par des purges sanglantes sous couvert d’accusations typiquement empruntées au registre stalinien : « liquidationnisme », « trahison », appartenance à une « ligue antibolcheviste », « opportunisme », « défaitisme »... Les exécutions après tortures et parodies de procès se comptent par milliers...

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