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MOLCER 10- Interview de Jean Sala Pala, vice-président de l’association MERE29 (Mémoire de l’Exil Républicain Espagnol en Finistère) et fils d’un républicain espagnol contraint par les nazis au travail forcé (propos recueillis par Roger Calvez)
Roger Calvez- Quelle est l’origine de ce livre ?
Jean Sala Pala- Ce livre est la résultante d’un colloque qui s’est déroulé à Brest en mars 2022 « Républicains exilés pendant la Seconde Guerre mondiale : travail forcé et résistance. Rotspanier, 80 ans après ». Ce colloque entrait dans le cadre d’un projet de recherche européen sur les Rotspanier (en allemand : espagnol rouge), projet mené en partenariat par l’Université de Tarragone, l’Université de Bretagne Occidentale et quelques associations mémorielles dont MERE29.
R.C- Que contient-il ?
J.S.P- On y trouve divers articles généraux sur le travail forcé, notamment ceux de deux des plus grands spécialistes européens de ce domaine : Peter Gaida, docteur en histoire contemporaine et ancien maître de conférences à l’Université de Brême, et Antonio Muñoz Sanchez, docteur en histoire de l’Université de Florence et actuellement chercheur à l’Université de Lisbonne. On y trouve aussi des articles plus spécifiques. Certains illustrent ce qu’a été ce travail dans les bases sous-marines de Bordeaux et de Brest. D’autres présentent ce qu’il a été dans l’Espagne franquiste.
R.C Qu’a été l’exil républicain espagnol en France ?
J.S.P Cet exil s’est déroulé en deux grandes vagues. La première se situe durant l’été 1937 lors de la bataille du nord-atlantique commencée par les bombardements de Guernica. Entre 120 000 et 140 000 Espagnols quittent alors leur pays par bateau et, après avoir débarqué dans un port français, sont répartis en train dans divers départements. La seconde, beaucoup plus brutale, se déroule début 1939 et voit près de 500 000 Espagnols entrer dans notre pays en l’espace d’une quinzaine de jours, cette fois du côté de la Catalogne. Cet exil politique est un véritable tsunami, quasiment sans équivalent dans l’Histoire. Comme en 1937, les civils, environ la moitié de l’effectif, sont pour l’essentiel rapidement dispersés par train dans différents départements.
R.C- Et qu’en est-il des combattants ?
J.S.P- Après avoir été désarmés, ils vont être parqués près de la frontière dans des camps d’internement, avec des conditions de vie extrêmement difficiles surtout les premiers temps. Afin de bénéficier officiellement du droit d’asile, des milliers d’entre eux vont devoir accepter de fournir à la France des prestations équivalentes à celles que fournit un jeune Français durant son service militaire. Ils intègrent alors les Compagnies de Travailleurs Étrangers et la France les fait travailler, encadrés militairement et quasiment sans salaire, soit dans le domaine de l’agriculture, soit dans le domaine de la préparation de la Seconde Guerre mondiale. Une fois celle-ci déclarée, ils restent sous responsabilité française jusqu’en juin 1941 où ils passent, suite à une demande de l’Occupant satisfaite par Pétain, sous responsabilité des nazis. Des milliers de républicains espagnols vont alors être immédiatement transférés par train vers la façade atlantique pour participer, comme travailleurs forcés, à la construction du Mur de l’Atlantique et notamment celle des cinq bases sous-marines que l’Occupant fait construire en France. La grande majorité d’entre eux doit alors travailler autour du béton armé dans les conditions très difficiles que la Todt, organisation nazie, réservait à ceux que le système nazi considérait comme les parias de la société, les juifs, les communistes et les Rotspanier : 12 heures de travail par jour les 7 jours de la semaine, sous les cris et les coups. De nombreux Espagnols réaliseront dans ces bases diverses actions de sabotage, de nombreux s’en évaderont et intégreront la Résistance . En Bretagne, certains créeront un réseau de résistance espagnole , los Deportistas. Suite à une dénonciation, ce réseau sera démantelé, son responsable fusillé par l’Occupant et les autres membres déportés vers les camps de concentration nazis...
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MOLCER 10 Sommaire - Revue MOLCER
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