MOLCER 5, Loïc Le Bars
La scission de la CGT en 1922, pour Pierre Monatte, « fut l’œuvre des réformistes » de sa direction « qui creusèrent une chausse-trappe et celle des anarchistes et des syndicalistes dit purs qui s’y précipitèrent». Survenant après l’échec des grèves du printemps 1920 et la rapide déperdition des effectifs qui s’en suivit, elle constitua pour les autres militants un nouveau et profond traumatisme expliquant en partie l’atonie du mouvement revendicatif jusqu’au début des années 1930. Certains refusèrent de s’incliner devant le fait accompli et tentèrent de préserver l’unité là où ils intervenaient, soit en passant à l’autonomie, soit en maintenant des unions locales ou départementales ouvertes aux syndicats des deux confédérations. Ce fut surtout le cas en province où certains responsables étaient persuadés que la scission résultait avant tout d’un conflit de « personnalités » parisiennes qui, comme l’affirma en février 1922 le responsable d’une UD confédérée, avait « empoisonné » le reste du pays. Mais la plupart de ces structures unitaires disparurent progressivement quand il s’avéra que la scission était un phénomène durable que le mouvement autonomiste n’avait pas réussi à contrecarrer. L’aspiration à la réunification syndicale ou, à défaut, à l’unité d’action, n’en persistait pas moins, en particulier dans la CGTU pour qui, « pendant longtemps, l’épithète officiel, unitaire, n’avait pas été un vain mot », a pu affirmer à juste titre Daniel Guérin. Jusqu’en 1928, date à laquelle elle commença à appliquer l’orientation « classe contre classe » imposée par la 3e Internationale à toutes les organisations contrôlées par les partis communistes, la CGTU multiplia les appels en faveur de la réunification syndicale, appels systématiquement rejetés par la CGT.
L’Intransigeance de la CGT
Certes, dès février 1922, son Comité national confédéral (CCN) adopte une résolution qui, après avoir constaté que la « crise traversée par le syndicalisme » est due « surtout à l'ingérence en son sein d'un parti politique », autrement dit du Parti communiste, affirme sa volonté de faire l’impossible pour parvenir à « l’union la plus large des forces ouvrières ». Mais elle précise aussitôt que le rétablissement de l’unité syndicale ne peut se réaliser que par la rentrée des « dissidents » dans la CGT aux conditions fixées par ses fédérations afin de la protéger « contre toute possibilité de recommencement d'une semblable besogne de destruction ».
La CGTU quant à elle ne prend position sur cette question qu’après le congrès de Saint-Etienne qui, en juin 1922, voit la défaite des anarcho-syndicalistes de la Commission administrative provisoire mise en place en janvier et l’élection d’une nouvelle direction composée de syndicalistes révolutionnaires de diverses nuances soutenue par la plupart des syndicalistes membres du Parti communiste. Elle le fait en octobre lors de la première réunion de son CCN qui vote une résolution « enregistrant le désir d’action commune » du prolétariat et affirmant que la CGTU est prête à faire le maximum d’efforts pour aboutir à « l’unité de front sur le terrain des réalisations pratiques » avec la CGT et les travailleurs en lutte, et cela à tous les niveaux. Ce front unique pourrait aider à reconstruire l’unité syndicale et aboutir à l’adoption par les deux confédérations du « principe d’un congrès confédéral unitaire convoqué par une commission mixte composée des membres des deux bureaux ». Les programmes d’action et d’orientation de la CGT réunifiée y seraient déterminés par la majorité devant laquelle les minorités s’inclineraient tout en conservant « leur droit d’opinion, de critique et d’opposition »...
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MOLCER n°5, décembre 2022 - Revue MOLCER
SOMMAIRE 1/ Introduction (voir sous les infos abonnement à la fin de ce sommaire) 2/ " Quand la gauche pensait la nation " interview de l'auteur Jean-Numa Ducange 3/ Gauches ukrainiennes par Eric ...
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