MOLCER 5, Roger Revuz

Ce livre raconte l’histoire de Martin Monath, Juif allemand né en 1913. Martin Monath fut d’abord un militant de l’organisation de jeunesse socialiste -sioniste Hachomer Hatzaïr (la Jeune garde). Après 1933, alors que les organisations du mouvement ouvrier étaient interdites par le régime nazi et leurs militants durement réprimés, les groupes sionistes bénéficièrent, jusqu’en 1937, d’un soutien « bienveillant » des autorités nazies.  En effet celles-ci ne voyaient pas d’un mauvais œil des organisations qui poussaient les Juifs à émigrer en Palestine.  Martin Monath qui était en contact avec des amis partis en Palestine rompit avec le sionisme car comment, analysa-t-il, pouvait-on espérer construire une société égalitaire, socialiste, sur la séparation des Juifs et des Arabes.  Martin Monath émigra en Belgique en 1939 et devint trotskiste. Avec Abram Léon et Ernest Mandel, il s’attela à la reconstruction de la section belge clandestine de la Quatrième Internationale.Replié à Paris, il commença à partir de mai 1943, un travail de cellules clandestines dans l’armée allemande. Avec l’aide de militants trotskistes français, il publia le journal Arbeiter und Soldat (Travailleur et soldat) qui encourageait la lutte révolutionnaire des soldats allemands contre la guerre et pour la révolution socialiste. A Brest une cinquantaine de soldats allemands participaient à la diffusion du journal dont le dernier numéro date de juillet 1944. On retrouvera des exemplaires sur le front italien. Tous les numéros sont publiés dans le livre de Nathaniel Flakin.

En octobre 1943, trahi par un des soldats, le groupe fut démantelé : cinquante soldats et cinquante militants français furent arrêtés par la Gestapo. Martin Monath échappa à l’arrestation. Il fit reparaitre le journal en mai 1944. Mais alors que les premiers numéros, ronéotés, avaient pour objectif de servir de base de discussion avec des soldats sympathisants, à partir de mai 1944, le journal était imprimé et devint une feuille d’agitation pour la masse des soldats. Dans le numéro de juillet 1944, le journal   dénonçait la « politique nationaliste de l’ex-parti communiste » : « en n’appelant pas à la fraternisation de la classe ouvrière internationale, Staline renforce Hitler, car le soldat allemand ne se heurte partout qu’à la haine, ne trouve nulle part d’issue et se trouve finalement jeté dans les bras de Hitler qui lui dit que l’Allemagne doit vaincre l’Europe pour pouvoir vivre ». En juillet 1944, Martin Monath fut arrêté par la police de Vichy puis livré à la Gestapo qui le fusilla dans le bois de Vincennes mais il n’était que blessé. Transporté par un policier français à l’hôpital Rothschild, il y fut à nouveau arrêté, en août 1944, par la Gestapo en fuite devant l’avancée des troupes américaines et pendu. Il avait 31 ans.

  Le livre de Nathaniel Flakin, jeune journaliste et historien allemand, est un petit livre par sa taille (140 pages) mais très important pour l’histoire de la période qu’il nous raconte. Dans l’avant-propos, Nathaniel Flakin espère que l’histoire de Martin Monath devienne un film. On ne peut que souscrire à ce souhait.

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